Dans un monde où tout se partage, s’analyse, se commente en quelques secondes, la marque personnelle n’est plus un "bonus" pour les dirigeants. C’est un levier de visibilité, d’influence et surtout… de confiance. Que vous dirigiez une multinationale, une start-up, ou une institution publique, votre image compte autant que vos résultats.
Et pourtant, beaucoup sous-estiment encore ce que peut leur apporter une identité forte, construite avec cohérence et authenticité.
Soigner sa marque personnelle, ce n’est pas se mettre en scène à tout prix. C’est rendre visibles ses convictions, son style de leadership, et la valeur que l’on apporte aux autres. C’est aussi affirmer une cohérence entre ce que l’on dit, ce que l’on fait… et ce que l’on incarne.
Prenons l’exemple de Tidjane Thiam, ex-PDG du Crédit Suisse et figure influente du monde financier. D’origine ivoirienne, Thiam a su construire une marque personnelle puissante, basée sur la rigueur, la vision et une posture d’ouverture à l’international. Lorsqu’il prend la parole, il ne parle pas seulement stratégie : il parle aussi diversité, leadership inclusif, et responsabilité. Cette clarté d’image a été un atout énorme dans sa carrière – autant pour attirer des investisseurs que pour influencer le débat économique.
Un autre exemple marquant sur le continent : Rebecca Enonchong, entrepreneure camerounaise et fondatrice d’AppsTech. Très active sur les réseaux sociaux, elle a su mettre sa voix au service de causes fortes, comme la transparence, la tech africaine, ou encore l’entrepreneuriat féminin. Résultat ? Sa crédibilité dépasse largement le cadre de son entreprise. Elle est devenue une référence dans son écosystème, suivie par des milliers de décideurs. Sa marque personnelle est un atout d’influence et d’impact.
Dans une étude menée par PwC en 2022, 76% des investisseurs ontaffirmé que l'image des dirigeants influe sur leur décision d'investissement. Plusieurs autrs études ont mené au même constat : les entreprises dont les dirigeants sont visibles, cohérents et engagés inspirent plus confiance. Et dans une époque marquée par la défiance, c’est un avantage décisif.
Regardez ce qui s’est passé avec Tony Elumelu, entrepreneur et philanthrope nigérian, fondateur de la United Bank for Africa (UBA) et de la Tony Elumelu Foundation. Son nom est aujourd’hui synonyme d’engagement pour le développement économique africain, grâce à une communication très claire sur sa mission : former et financer une nouvelle génération d’entrepreneurs sur le continent. Sa marque personnelle, bâtie autour d’une vision forte et répétée dans le temps, donne de la crédibilité à ses entreprises autant qu’à ses actions sociales.
À l’échelle mondiale, pensez à Satya Nadella, PDG de Microsoft. Lorsqu’il a pris les rênes de l’entreprise, il a mis l’accent sur l’écoute, l’inclusion, et la transformation culturelle. Il a partagé ses convictions personnelles, notamment en lien avec sa vie de père d’un enfant en situation de handicap, pour parler d’empathie en management. Sa marque personnelle a permis à Microsoft de changer radicalement d’image, de culture, et de trajectoire.
Ne l’oublions pas : les dirigeants ne parlent pas seulement aux médias. Ils parlent à leurs équipes. Et ce qu’ils projettent influence directement la motivation, la rétention des talents, la dynamique collective.
Un leader sans voix claire, sans identité affirmée, laisse place au flou. Et dans le flou, chacun interprète à sa manière, ce qui crée de l’incertitude.
À l’inverse, une marque personnelle forte donne un cap. Elle incarne la culture de l’organisation. Elle fédère. C’est aussi ce qui permet à des talents – souvent très sollicités – de choisir de rester, de s’engager, ou de rejoindre un projet.
Enfin, il y a un aspect très pratique à tout ça : une bonne image personnelle attire les opportunités. Médias, conférences, partenaires, collaborations stratégiques… tout devient plus fluide quand on sait qui vous êtes, ce que vous portez, et pourquoi votre parole compte.
Les dirigeants qui laissent leur image se construire "au hasard" prennent un risque. Celui d’être perçus par défaut, ou pire, d’être invisibles dans des moments clés.
Cultiver sa marque personnelle, ce n’est pas chercher à tout maîtriser, ni à se montrer parfait. C’est plutôt aligner ce que vous faites avec ce que vous êtes, et choisir de le montrer avec clarté et conviction.
Et si vous êtes dirigeant, ce n’est pas une option : c’est un devoir vis-à-vis de votre organisation, de vos équipes, et du public que vous voulez embarquer avec vous.